Chœur Universitaire de Lausanne (UNIL/EPFL) Œuvres inachevées – Mozart et Górecki

Le Chœur Universitaire de Lausanne (UNIL/EPFL) présente deux œuvres inachevées : l’incontournable Requiem K626 de Wolfgang Amadeus Mozart (Autriche, 1756-1791) et le Kyrie de Henryk Górecki (Pologne, 1933-2010).

Une statue dont les traits du visage n’ont pas pu être sculptés ou un tableau dont le motif, esquissé, ne sera jamais peint laissent le sentiment étrange que le temps s’est arrêté… Ce n’est pourtant pas le cas du Requiem de Mozart, que son statut inachevé n’a jamais empêché de résonner de toute sa force.

Nous avons aujourd’hui coutume d’entendre cette œuvre dans sa version complétée par l’élève du compositeur, Franz Xaver Süssmayer. Il sut développer l’orchestration des mouvements existants et terminer la composition des parties manquantes en exploitant avec humilité le matériel musical de son maître. Sans doute avec un peu de hâte également, pressé par Constance, la veuve de Mozart, reconnaissante de pouvoir rapidement rentabiliser la création…

Le décès soudain du jeune compositeur auréola cette œuvre d’une atmosphère unique, pleine de légendes et de mystères. Mais la musique elle-même se suffit pour émouvoir : l’interprète comme l’auditeur sont directement saisis par sa tonalité de ré mineur (rappelant la colère de la Reine de la Nuit, ou le Concerto pour piano K466), son utilisation con brio du contrepoint (Kyrie), la force de sa simplicité (Lacrimosa), sa puissante solennité (Tuba mirum, Rex), ses accents enflammés et violents (Confutatis) s’opposant à ses voix angéliques diaphanes (Salva me)…

Les contrastes forts sont également au cœur du Kyrie (op. 83) de Henryk Mikolaj Górecki. Les motifs répétitifs aux cordes, ponctués par les accents du piano et des cloches tubulaires, les cris de Kyrie eleison (Aie pitié de moi !), forment, dans la première partie, des clusters tournant au désespoir. Cette gravité et cette oppression ne vont pas sans rappeler le Psaume 130, De profundis (Je crie des profondeurs vers toi, Seigneur !). Un développement tourmenté amène ensuite vers une deuxième partie transparente, a capella et tonale, sur le texte Christe eleison. Le coda qui suit se révèle prière intime, soutenue par un piano confiant et lumineux. Le texte est écrit en polonais, la langue maternelle du compositeur.

Cette œuvre est le premier mouvement d’une messe commandée par le pape Jean-Paul II, messe qui ne fut jamais finalisée. Seul reste ce Kyrie, mais dont le voyage spirituel de l’obscurité vers la lumière, voyage d’une richesse et d’une construction uniques, laisse une impression d’accomplissement total flottant jusque dans ses derniers accords…

C’est un défi conséquent que se lance le Chœur universitaire de Lausanne : livrer une interprétation la plus juste et sensible possible dans deux œuvres si opposées, et pourtant si proches. La première exige une exécution historique, un phrasé souple et interprété, des appuis et accents suscitant cette émotion dont l’œuvre regorge. La seconde confronte à une écriture minimaliste et atonale, nécessitant une vision artistique particulièrement audacieuse pour la mettre en valeur. Dans ce projet, le Chœur pourra compter sur la collaboration formatrice avec un orchestre composé à la fois de musiciens professionnels et en études.

Avec

Le Chœur Universitaire de Lausanne, le Chœur Súbito Koral de Las Palmas (îles Canaries) et un orchestre constitué pour l’occasion et soutenu par les chefs de pupitre de l’Ensemble de Joux.

Marie-Hélène Essade

soprano

Valérie Bonnard

alto

Augustin Laudet

ténor

Stephan Imboden

basse

Fruzsina Szuromi

direction

Un nouveau défi pour le Chœur Universitaire de Lausanne

Les quelque 150 membres du Chœur universitaire inscrits cette année – étudiants, doctorants et collaborateurs de l’UNIL et de l’EPFL pour la plupart – se plongent dans ce nouveau programme dès la rentrée universitaire, à raison de 2 heures 30 de répétition hebdomadaire consolidées de quelques week-ends musicaux.

L’encadrement est assuré par une équipe de musiciens professionnels : la cantatrice Marie-Hélène Essade, pour ce qui concerne la formation vocale, et la pianiste Atena Carte qui accompagnent et guident les choristes lors de chaque répétition. La direction artistique de ce programme dramatique et passionné est assurée par Fruzsina Szuromi, formée à la prestigieuse académie Franz Liszt de Budapest et à la Haute école de Musique de Genève, et directrice attitrée du CHUL depuis 2012.

Plus d’informations sur www.asso-unil.ch/choeur