L’Orgue en Festival 2023 Orgue & violon, au gré des temps et des lieux
Orgue & violon, au gré des temps et des lieux.
Avec Hélène Galatea Conrad au violon et Pierre-Alain Clerc à l’orgue.
Programme
- Innsbruck
- Sonata Sesta Op. 3 detta La Sabbatina (1660)
- Giovanni Antonio Pandolfi Mealli (1624 - 1687)
- Wien
- Toccata XVIII Johann Jakob Froberger (1616 - 1667)
- Venezia
- La Bergamasca, a due violini e basso, op. 3, aria 5 (1635)
- Marco Uccellini (1603 - 1680)
- Roma
- La Bergamasca (Fiori Musicali, 1635)
- Girolamo Frescobaldi (1583 - 1643)
- Paris
- Sonate no 28 en mi mineur, KV 304, Allegro - Tempo di Menuetto (1778)
- Wolfgang Amadeus Mozart (1756 - 1791)
- Reims
- Dialogue sur les Grands Jeux , de l’Hymne Veni Creator (1699)
- Nicolas de Grigny (1672-1703)
- Hamburg
- Fantasie no. 10 en Ré majeur pour violon seul, TWV 40:23 (1735)
- Georg Philipp Telemann (1681 - 1767)
- Cœthen
- Adagio du 1er Concerto Brandebourgeois BWV 1046 (1721)
- Johann Sebastian Bach (1685 - 1750)
- Innsbruck
- Sonata Seconda Op. 4 detta La Viviana (1660)
- Giovanni Antonio Pandolfi Mealli (1624 - 1687)
Ce programme voudrait mettre en valeur plusieurs visages du grand Orgue de Romainmôtier, seul ou accompagnant le violon, qui sera bien pourtant l’acteur essentiel de ce concert. S’il faut lui trouver un fil rouge, ce serait celui de la diversité et des contrastes, dans le temps et selon les lieux, dans quelques univers culturels très différents. Bain d’harmonie à la Cour du Saint-Empire à Innsbruck avec Pandolfi Mealli, et les virevoltes virtuoses de son violon, ou grand contrepoint à la romaine chez Frescobaldi dans sa fameuse Bergamasca, qui diffère du charmant dialogue vénitien de l’inventif Uccellini. Puis Frescobaldi transmet son art à celui qui sera son élève pendant neuf ans, J.J. Froberger, Organiste de l’Empereur à Vienne, l’un des premiers musiciens à savoir synthétiser plusieurs goûts européens. Cette pièce d’un allemand devenu viennois et se faisant romain, elle est composée en Fa, une tonalité très privilégiée par le tempérament (manière d’accorder) de l’orgue de Romainmôtier.
Plus tard, le monde catholique classique viennois trouve chez Mozart une quintessence épurée. Nous voulons l’essayer dans la grande acoustique de Romainmôtier. Mais pourquoi l’orgue remplace-t-il le pianoforte ? Si Mozart n’a quasi rien écrit pour l’orgue, il en jouait avec délice et le considérait au plus haut point. Il est mort à trente-six ans, et Nicolas de Grigny à trente-et-un : voilà une autre comète de l’Histoire la musique, où la maturité rayonne en un enthousiasme juvénile, ceci dans l’univers louis-quatorzien très catholique de la Basilique de Saint-Denis ou de la Cathédrale de Reims.
Dans l’Allemagne luthérienne de la même époque, on trouve à Hambourg l’illustre Telemann, qui a composé de nombreux cycles pour instruments seuls, magnifiques pièces d’étude et d’agrément. Il sera le parrain de Carl Philipp Emanuel Bach, second fils de son ami J.S. Bach. Celui-ci demeurera successivement à Cœthen, Weimar et Leipzig. Dans le fascinant mouvement lent du 1er Concerto brandebourgeois, il oppose les deux chœurs de son orchestre - anches et cordes - dans un dialogue à la vénitienne, au gré de savants canons qui ruissellent sur une basse obstinée.
Hélène Galatea Conrad
Hélène Galatea Conrad est lauréate du prix Fritz Bach (Fondation Crescendo), de l’Association des Amis du Conservatoire (COV), du Concours Marlyse et Pierre Reymond et boursière des fondations Jean Tanner et Nicati De‐Luze. Elle a obtenu un Master en interprétation sur instruments historiques dans la classe de Florence Malgoire au Centre de Musique Ancienne (HEM de Genève). Elle est également titulaire d’un Master en pédagogie. Elle a participé à des stages en improvisation jazz et baroque, en danse et musique baroque et en déclamation française du XVIIème. Elle joue régulièrement avec plusieurs ensembles (Ensemble Baroque du Léman, le Moment Baroque, l’Ensemble 17ème, Arabesque, Hortus Amoris, l’Ensemble Baroque de Joux) ainsi qu’avec de plus petites formations. Hélène Galatea Conrad enseigne actuellement le violon à l’Académie Internationale des Arts (AIDA-Leman).
Passionnée par le lien entre la musique et les autres formes d’expressions, elle a fait partie d’un groupe de recherche en métaphores musicales (GEMLAB). Dans ce cadre, elle a présenté plusieurs projets dont MIE, (sur le lien émotionnel entre la musique et les images) et Les Neurones Musiciens, lors du Festival « Musique et Science ». Désireuse de lier son univers avec d’autres formes artistiques et de se questionner sur la transdisciplinarité des arts de la scène, elle a travaillé avec des conteurs, des performeurs, des danseurs, ainsi qu’avec des artistes visuels.
Pierre-Alain Clerc
Né en 1955, il a été pendant presque quarante ans organiste à Lausanne, dans les églises St-Laurent et St-Paul. Il a été influencé principalement par Jesper Christensen, Michael Radulescu, par ses amis Jean-Yves Haymoz, théoricien, et Jean-Marie Tricoteaux, facteur d’orgues, et par Michel Cassagne, comédien. Longtemps professeur d’orgue à Lausanne, il a enseigné principalement aux Hautes Écoles de Musique de Genève et de Lausanne, au CNSMD de Lyon, aux CRR de Paris et Besançon. Il a fait construire ou relever plusieurs orgues en Suisse romande. A côté de son activité de concertiste, à l’orgue, à l’harmonium ou à la basse continue, il travaille régulièrement comme comédien. Cette double activité musicale et théâtrale l’a amené à s’intéresser à ce qu’on appelle la rhétorique musicale, puis à la déclamation classique française, sujets sur lesquels il donne fréquemment spectacles, cours, séminaires et conférences. Il a écrit plusieurs articles dans diverses revues, tant sur la musique que sur la déclamation, et notamment un discours sur la Rhétorique musicale.
Il a été l’instigateur durant cinq ans d’un travail de recherche appliquée pour L’École des Femmes de Molière à la lumière des sources historiques du XVIIème siècle, travail mené avec un groupe d’universitaires français et suisses. Il a joué à cette occasion le grand rôle d’Arnolphe. Dans cette optique d’une pratique artistique historiquement informée, il préside L’Association suisse pour un Théâtre à la Source. Il participe souvent à des concerts en tant que lecteur ou comédien, dans des répertoires divers entre le XVIIème et le XXème siècle. Il a joué plusieurs fois le rôle du Diable dans L’Histoire du Soldat de Stravinsky et Ramuz (ce qui est, pour un organiste, une consécration), ou même la lecture de tous les rôles.
À 16h : présentation de l’orgue Jehan Alain à la Grange de la Dîme ou de l’orgue Tagliavini à la Chapelle St-Michel
Durée env. 30 min. – Entrée libre
À 17h : concert à l’Abbatiale.